ESTIMATION DES NIVEAUX DE RISQUE :
Sur la base des éléments qu’elle a pu collecter, la CRIIRAD considère que :
- Le risque d’irradiation par les masses d’air contaminé sera négligeable (les personnes qui disposent d’un radiamètre ne devraient pas mesurer d’augmentation du bruit de fond ambiant mais nous invitons les personnes qui sont équipées à le vérifier : une mesure vaut mieux qu’une prévision) ;
- Le risque associé à l’inhalation des aérosols et halogènes radioactifs présents dans l’air devrait être très faible
- Les calculs de dose précisés ci-dessous indiquent que la mise en œuvre de contre-mesures, notamment la prise de comprimés d’iode stable, n’est pas justifiée. Nous avons essayé d’estimer les niveaux de dose résultant de l’inhalation des radionucléides dont la présence est documentée : césium 137, césium 134, iode 131, iode 132, iode 133 et tellure 132. Le premier calcul a été conduit pour une activité de 1 mBq/m3 pour le césium 137 (estimation donnée par l’IRSN) et de 125 mBq/m3 pour l’iode 131 (sur la base du rapport isotopique mesuré par TEPCO devant la centrale de Fukushima Daiichi le 19 mars 2011 à 12h - heure locale). Le calcul a été effectué en supposant que les panaches radioactifs restent présents sur la France pendant 1 semaine et sans que leur activité diminue. Conclusion : une personne (adulte ou enfant) qui respirerait l’air contaminé 7 jours durant, recevrait une dose de rayonnement inférieure à 1 µSv, soit un niveau de dose négligeable ; En prenant une marge de sécurité par rapport à l’évaluation de l’IRSN (soit 10 mBq/m3en césium 137 au lieu de 1 mBq/m3), les doses s’élèvent à 2 µSv pour l’adulte et à 8 µSv pour l’enfant.
- Le risque d’irradiation des personnes par les produits radioactifs déposés sur les sols sera totalement négligeable, n’induisant aucune augmentation mesurable du bruit de fond ambiant (là encore ceci pourra être facilement vérifié par des mesures radiamétriques) ;
- Le risque lié à l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par les retombées radioactives devrait rester limité. Le laboratoire de la CRIIRAD évaluera le plus rapidement possible les quantités de radioactivité déposées au sol (dépôts sec et dépôts liés aux précipitations) afin de vérifier les ordres de grandeurs attendus dans les aliments et de donner, si nécessaire, des conseils adaptés.
En conclusion, le passage des masses d’air contaminé sur la France ne doit donc pas générer d’inquiétude. Cependant, compte tenu du manque crucial de données, la CRIIRAD est contrainte de laisser certaines affirmations au conditionnel. Ceci devrait pouvoir être corrigé très rapidement. Son laboratoire a procédé, dès aujourd’hui, sur plusieurs de ses balises à des prélèvements de filtres à poussières et de filtres à charbon actif afin de vérifier que l’air que l’air que nous respirons n’est pas encore contaminé. Les premiers résultats, qui concernent la balise implantée à Romans-sur-Isère, dans la Drôme,
confirment l’absence de contamination mesurable : pas de césium 137 dans le filtre aérosols, ni d’iode 131
dans la cartouche à charbon actif.
Ces contrôles seront intensifiés dans les jours à venir de façon à confirmer aussi rapidement que possible (et le cas échéant à corriger) les informations rassurantes données ci-dessus.